Envie de vivre

La chance qui me suit m'a amené à rencontrer des personnes géniales à New Orleans.
Je suis hébergé par Tanya, grande violoniste de son état, qui pour sa subsistance financière, a opté pour les concerts de rue, avec son amie Doris, virtuose de la guitare, et cela marche plutôt très bien pour elles.

Ce soir, nos deux-roues nous ont conduit jusqu'à un lieu de vie,
une petite maison où se sont retrouvés quelques gentils fêtards du samedi soir.
Les "Happy to meet you" s'accompagnent de regards chaleureux,
la guitare est déjà sortie, la caisse de résonnance laisse échapper quelques rythmes prenants.

Les lumières sont tamisées.
Dans un coin de la pièce, un chevalet est orné d'une grande toile
quasiment vierge; les murs, eux, sont tamisés de toiles, couleurs nuits urbaines.

Un djembe s'est ajouté, pour donner ses rythmes claquants, puis une flûte traversière améliorée manuellement, qui ressemble à un saxophone sans bec.
Son souffleur est un monsieur aux cheveux couleur neige, couvre-chef gris enfoncé en biais sur le crâne. Il joue avec entrain, son énergie vole, plus forte que le temps, c'est lui qui motive Tanya à sortir son violon et à en caresser les cordes.

Le salon se transforme en salle de concert, on a viré la scène, on y préfère les rondes.

Les chants viennent couvrir les rythmes, les voix de ces femmes dont les ancêtres venaient du berceau de l'humanité.

Le vieux monsieur se lève, danse, laisse la musique l'enlacer, il chante.


Je ne saurai qu'après avoir quitté les lieux, la raison de ce regroupement mélodieux.
Le vieux monsieur vient d'apprendre qu'il avait le cancer...

Ce soir-là, il a juste choisi de chanter à la vie...

Seb