mercredi 13 mai 2009
Garifunas
Des groupes d’êtres humains ont pensé qu’ils pouvaient utiliser d’autres êtres humains, qu’ils pouvaient s’en servir comme l’on se sert d’un objet, qu’ils pouvaient les priver de toute liberté, donner à leur vie un unique sens de servitude, en bref certains êtres humains ont pensé qu’ils pouvaient retirer l’essence de l’être humain, à d’autres êtres humain.
La France, la Grande-Bretagne, l’Espagne, le Portugal, entre autres, ont été des pays esclavagistes, ne l’oublions pas, ces pays ont amené par la force des millions d’êtres humains de la terre d’Afrique, à la terre d’Amérique pour les exploiter.
Nous sommes partis, Aubin et moi, le lundi 27 avril pour le village de Dangriga, au sud de Belize city, village sur la côte de la mer des Caraïbe, qui abrite une des plus grande communauté Garifuna du Belize.
Les Garifunas sont un peuple originaire d’Afrique, le bateau qui les déportait sur la terre d’Amérique s’échoua. Ils ne furent ainsi jamais victimes de l’esclavage, il vivaient sur l’île de St Vincent, dans les Caraîbes et furent obligé par les Britanniques en 1797 de partir en direction de l’Ouest sur les côtes de l’actuel Honduras, Guatemala, et Belize.
Les Garifunas ont lutté pour conserver au maximum leurs traditions ancestrales.
Ils parlent toujours un langage venu de leurs origines, que les jeunes délaissent petit à petit, au profit du créole.
Dans les traditions, un ménage Garifuna est auto-suffisant, l’homme pêche et construit sa maison et son bateau, la femme tiens la maison et s’occupe de l’agriculture.
Le lundi soir nous dormons à Belmopan, la dernière personne qui nous prend en stop nous laisse dormir chez elle.
Le lendemain, on part de bonne heure, avec un pouce tout frais, en route pour Dangriga. On rencontre un autre chenapan, Thurmon, qui est aussi en train de faire du stop pour Dangriga, du coup on allie nos forces et lève nos pouces en cœur.
Une personne qui nous a pris en stop à la sortie de Belize city nous a donné le contact d’un ami à lui qui vit à Dangriga, un « rasta man ».
Nous allons donc voir cet homme, Henry Moss, qui se fait appeler Ranch, car comme il nous l’explique, « Henry Moss, c’est mon nom d’esclave. »
Ranch vit seul dans une vieille maison de bois, dressée fière sur pilotis pour défier les vagues de la mer fâchée, qui lors d’ouragan inonde les environs.
Au pied de sa maison, sa nourriture, son énergie, son jardin dont il prend soin avec un amour sans faille.
Sur la partie gauche du jardin, quelques arbres fruitiers, manguiers, cachoutiers, quelques arbres médicinaux, un puit, « creusé juste au bon endroit pour qu’il ne s’assèche jamais », la cuisine, une vieille table en bois, organisée au mieux possible, un banc, un hamac, et surtout, le feu, source de lumière, de flammes dansantes, et objet de cuisson pour ses voisins les fruits et légumes.
Comme vous avez dû le comprendre, pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de gaz, on utilise ce que la terre veut bien nous donner naturellement.
Ranch accepte de nous accueillir, il nous donne un espace dans sa maison dénuée de choses inutiles, où nous pouvons installer nos matelas gonflables, et notre moustiquaire, objet indispensable tant les moustiques et les sandflies (mouche de sable) sont avides de notre sang exotique. Nous dormons avec près de nous, sous une couche de poussière, les regards bienveillants de Bob Marley et de l’ancien empereur d’Ethiopie, Hailesselacié, prophète selon les rastafaris.
Notre principale occupation de ces 5 jours passés à Dangriga, arroser le jardin, cuisiner, manger, écouter.
Notre hôte est un jardinier amoureux de ces plantes, un grand cuisinier, musicien, danseur, chanteur Garifuna, et un grand parleur également, il n’a pas la langue dans son sac.
Nous faisons nous-même nos récipients du séjour, une courge ronde, séchée, coupée en deux et vidée de son contenu qui se transforme en bol.
Quasiment toute la nourriture est à base de coco, pour la plupart râpée sur ces planches à couper, incrustée de petites pierres ; auxquelles sont rajouté de l’eau, et pressé, pour en sortir le lait, huuuumm, délicieux.
Enormément de bananes et de yuka, ces racines marrons qui ressemblent à des patates douces.
Quasiment tout ce que l’on mange sort fraîchement du jardin, que demander de mieux ?
Une chose assez étrange au Belize, le lycée est payant.
Résultat : des familles ne peuvent même pas donner leurs enfants la possibilité d’avoir le bac.
Lorsque nous rencontrons des gens à Dangriga, quasi constamment ces personnes sont intéressées par notre argent, mais que dire, lorsque le niveau de vie dans notre pays est tellement plus élevé qu’ici.
C’est énervant pour nous, car quel être humain aime la sensation d’être considéré comme un portefeuille sur patte.
Nous vivons dans une société où la consommation a largement dépassé l’utile, et ce besoin de consommation excessive, appuyée par la télévision, se fait mondial.
Beaucoup de facteurs sont à prendre en compte, et je ne veux pas faire une dissertation sur le sujet, mais lorsque la télé fait office d’exemple dans un ménage, et que l’inégalité sociale fait loi, il ne peut en résulter que de l’envie et de la jalousie chez les plus démunis.
Le soir du samedi 2 mai, plus d’une semaine après la mort d’un proche de Ranch, nous sommes allés à une fête en l’honneur du défunt.
De la nourriture, de la boisson, des gens qui dansent, qui chantent, qui jouent de la musique.
Aucun esprit de tristesse, on fait la fête car « Il est passé dans un autre monde ».
Quelle force se dégage de cette musique, les hommes sont aux djembes et aux maracas, les femmes chantent et les défient en venant danser devant eux, dans des mouvements de hanches puissants.
Nous sommes repartis dimanche 3 mai au matin, pour revenir vers Belize city.
Cécile s’en est allée pour Cancun ce matin, elle rentre dans les montagnes du Colorado demain, voir l’effet du printemps.
On aura voyagé ensemble pendant un bon moment maintenant, elle est devenue une vrai chenapante vagabonds.
Que le vent l’emporte encore.
Nous sommes tous frères et sœur.
merci et bisouxxxxxxx
RépondreSupprimermom